France: requiem en re mineur pour une liberté défunte
France: requiem en re mineur pour une liberté défunte
Première partie
Par Jean-Yves Jézéquel Mondialisation.ca, 29 mai 2020
Nous n’avions rien vu venir. Nous étions dans l’insouciance et dans l’inconscience… Tout, autour de nous, mourait en silence comme nos « libertés chéries » sont mortes en silence !
1 – Lorsque les Français ont voté «non» à 55% le 29 mai 2005, (auxquels il faut ajouter les 30,26% d’abstentions) à la formule ultra libérale de la Constitution Européenne, les «élites» ont dit «oui» en faisant ce coup d’État, par le biais du Congrès réuni à Versailles, qui brisait le contrat social, le 4 février 2008. 85% des Français ne voulaient pas entendre parler de ce traité européen et pourtant les « gouvernants » n’ont pas hésité à l’imposer à tout le pays !
2 – Les Français anesthésiés ou sous hypnose politique votaient en 2007 pour un Sarkozy qui allait livrer la France à l’OTAN! Cette expérience de l’ultra libéralisme de droite n’allait pas empêcher les Français de «remettre le couvert» en plébiscitant cette fois l’ultra libéralisme de gauche, par le vote en 2012 en faveur du socialiste libéral François Hollande qui allait délibérément enfoncer le clou du cercueil de la France totalement vassalisée et devenue la servante zélée de l’atlantisme sectaire. Puis, toujours endormis, des Français allaient à nouveau voter, en 2017, pour un ultra libéralisme mondialiste pendant que d’autres Français allaient s’abstenir en masse de voter Macron.
3 – A la suite de « l’affaire Mérah », toujours non élucidée par une enquête de justice digne de ce nom, nous avions eu le droit à une nouvelle loi parfaitement inutile, mais qui entamait un processus liberticide volontaire de la part de l’oligarchie au pouvoir.
Dans cette loi dont l’origine remontait à 2006, la surveillance des connexions Internet, la géolocalisation, l’examen détaillé des factures de téléphone, étaient déjà possibles, mais ce droit devait être périodiquement renouvelé. A l’époque, le groupe socialiste s’était abstenu pour le vote de ces dispositions. En 2012, c’est lui qui les rendait pérennes ! Toutes ces propositions d’aménagement de la loi de 2006, faites par Sarkozy, sévèrement critiquées en 2007 par le groupe socialiste, étaient unanimement adoptées par la totalité de l’Assemblée nationale, mis à part le groupe du Front de Gauche !
4 – La Loi LOPPSI 2, adoptée le 8 février 2011, sous le règne de Sarkozy, allait jusqu’à autoriser la police à s’introduire clandestinement chez n’importe quel citoyen Français pour y placer des « mouchards » informatiques capables de surveiller tout individu dont le « comportement serait jugé non conventionnel », précisait le texte de la nouvelle loi Valls, sous le règne de Hollande, adoptée précipitamment par l’Assemblée nationale, le 12 décembre 2012.
Cette nouvelle loi était donc nécessaire, non pas pour y ajouter quelque chose d’essentiel en soi, mais pour y ajouter cette « simple » assertion : « tout individu dont le comportement serait jugé non conventionnel » et non plus seulement : « tout individu se livrant à des actes qualifiés de terroristes », ces actes étant précisés et énumérés par le texte de la loi LOPPSI 2 ! Cette nouvelle loi ne pouvait pas mieux proclamer l’obligation de la pensée unique, l’obligation de se soumettre au « politiquement correct » à un « comportement conventionnel », c’est-à-dire nivelé, ajusté à la norme qui définit ce qui est « normal » et ce qui ne l’est pas !
5 – Nous avons eu le droit à de nouvelles mesures à travers la Loi « Terrorisme » qui a été adoptée après Charlie. Je renvoie le lecteur au texte et aux aménagements de textes qui ont été globalement adoptés par le Parlement, en se reportant directement au site.
La marche républicaine, à la suite des attentats des 7,8 et 9 janvier 2015, a été qualifiée de protestation contre ceux qui ont « voulu toucher à la liberté d’expression ». Or, la loi venant s’ajouter à toutes les autres lois déjà excessives, attaquait directement et précisément la liberté d’expression, elle visait Internet comme moyen de communication et tout citoyen qui veut s’informer. C’est comme si l’on disait aux Français: « Pour mieux protéger votre liberté d’expression, nous allons vous bâillonner, vous bander les yeux et vous attacher les mains! »
6 – Les lois sécuritaires excessives de décembre 2012, comme chacun le sait, n’ont absolument pas empêché le drame de janvier 2015 et pas plus celui du 13 novembre 2015, à Paris, ni celui du 14 juillet à Nice.
En 2017, sous le règne de Macron qui voulait dresser les journalistes, la résistance des animateurs de la parole sur les médias allait commencer. En 2018, on verrait les Frédéric Taddeï, les Natacha Polony, les Éric Zémour, les Michel Onfray se faire virer des TV ou des Radios de France et de Navarre. D’autres journalistes avaient déjà été radicalement censurés, comme Jean-Loup Izambert sur la Syrie en 2015 ou Paul Moreira sur l’Ukraine en 2016…
Le Pouvoir et ses élites oligarchiques voulaient bâillonner le peuple en se donnant la possibilité de pratiquer les « perquisitions administratives » dans une dérive totale de dictature au nom d’un « état d’urgence » que les attentats allaient tout naturellement justifier.
Depuis juin 2015, la Loi sur le Renseignement, théoriquement faite pour qu’un nouveau Charlie Hebdo ne soit plus possible en France, a autorisé l’installation de « boîtes noires » chez les fournisseurs d’accès Internet. Cette Loi permettait la pose de micros, de balises de localisation, l’installation de caméras et de logiciels espions.
7 – Avec l’inversement du calendrier électoral, la majorité parlementaire étant subordonnée à l’élection du Président de la République, le parlement n’a pas les moyens de faire les lois. C’est pourquoi, 90% des lois viennent directement de l’exécutif et non pas d’un Parlement censé représenter la « volonté du peuple » sur la vie collective de la nation ! Le droit d’amendement lui aussi est un pur simulacre. Malgré la « réforme » de 2008, l’ordre du jour des assemblées est totalement sous le contrôle du Gouvernement. Lorsqu’on voit la souveraineté parlementaire réduite à néant en France et lorsqu’il faut encore ajouter à cela le transfert massif de souveraineté aux instances supra nationales européennes non élues par le peuple, on ne doit plus s’étonner de constater l’abstentionnisme aggravé dans l’hémicycle et la tentation du cumul des mandats.
8 – La monarchie absolue présidentielle n’hésite plus dans sa pratique de la dictature : elle utilise couramment l’article 49-3 de la « Constitution » de 1958 pour imposer sa loi en réduisant au silence, lui aussi absolu, les « représentants du peuple ». Cela a été le cas pour la loi dite Macron sous Hollande. En 2017 ce fut la même chose avec la loi El Khomri imposée de force par l’usage du 49-3, alors que la majorité parlementaire et toutes les classes sociales de la nation ne voulaient pas en entendre parler ! Encore une fois, le Sénat aggravait le contenu de la loi El Khomri, manifestant par là son mépris incompréhensible pour les revendications et manifestations des mouvements citoyens partout en France. De son côté, et là encore, Hollande avec son Gouvernement étaient aux ordres de la Troïka (BCE, FMI, Commission Européenne) qui dictait sa loi sans qu’aucune de ces instances, ci-avant nommées, ne soit élue par les peuples européens !
9 – La Déclaration du Conseil National de la Résistance avait proclamé que les médias devaient être libérés des forces de l’argent, car sans la possibilité de se forger librement une opinion électorale, la « libre expression d’une opinion électorale n’aurait aucun sens ». La libre formation de l’opinion électorale est un préalable aux élections et à l’existence d’une démocratie… Nous en sommes très loin aujourd’hui. Les faux sondages sont légions et ils étaient à l’œuvre en France pour les élections de 2017.
Jean-Yves Jézéquel